lundi 24 juin 2013

La liste de mes envies

Que feriez-vous si, dans la paix de votre vie quotidienne, vous emportiez  brutalement la cagnotte de l'Euromillions ? En moins de deux cents pages qui se lisent d'une traite, Grégoire Delacourt (éd. J.Cl. Lattès) nous raconte une histoire simple en apparence, mais qui nous prend par la main et nous questionne durablement.

Un prétexte pour se demander à soi-même ce que l'on cherche vraiment, ce que l'on souhaite, ce dont on a envie et ce dont on a besoin. Ce qui est nécessaire, ce qui est en trop, ce qui est dangereux, ce qui est mortel.

On sait depuis longtemps que l'argent ne fait pas le bonheur : observer les riches nous le démontre chaque jour. Mais on ne sait pas toujours être au clair avec soi-même sur la source profonde de son propre bonheur : la chance peut vous faire gagner le gros lot de de la Française des Jeux et vous emporter à jamais dans la véritable découverte de vous-même, des autres, de ceux que vous aimez, de leurs vérités et de leurs mensonges, de leur fidélité et de leurs trahisons minables, de leur beauté et de leur face hideuse.

La richesse inattendue agit comme un révélateur : elle provoque dans son sillage, selon ce que vous attendez de la vie, la réflexion salutaire ou la désolation.

Yann, Soñjoù ar meilher.


dimanche 23 juin 2013

Le Logis de St-Pierre

Photo JM Renault

J'ai refait le chemin au Logis de St-Pierre
Pour y trouver peut-être le temps à remonter
Pour y trouver encore les lumières d'une année.

Les coquelicots n'y sont désormais ni gentils ni nouveaux
Escourgeon et folle avoine en ont hélas pris la place
Ne demeure aujourd'hui que le souvenir 
Des pétales rouges de soie froissée.

J'ai surveillé chaque mètre du chemin,
J'ai respiré l'odeur sucrée des foins
Mais n'est pas vu où les routes se sont défaites.

Nos arrêts, nos regards, nos photos,
Se pourrait-il que la vie fut si légère
Qu'elle se soit envolée à jamais ?

J'ai refait le chemin au Logis de St-Pierre,
Pour y trouver peut-être le temps à remonter
Pour y comprendre enfin l'amertume de nos jours.

J'en suis revenu tard
Les mains vides et ridées.

Photo JM Renault


Yann, Soñjoù ar meilher.


samedi 22 juin 2013

Larmes de pluie

Bag e Konk-Kerne - (c) JMR
Même l'acier le plus dur
Connaît le mordant de la blessure
Et donne à voir sa face meurtrie
Noyée de larmes de pluie.


Yann, Soñjoù ar meilher.

mardi 11 juin 2013

Falaise

J'irai au bord de la falaise
Hurler aux mouettes mon dégoût et ma fureur
M'enivrer du sel de la mer
Jusqu'à l'étourdissement.

Tu franchiras les marques au sol
Tu te concentreras sur la marche de tes pas
Tu seras droit.

Je dirai aux vents de galerne
L'odeur du goémon desséché
Décomposé en attente d'un retour à rien.

Et tu fermeras les yeux tout doucement
Tu laisseras ton corps entendre, humer,
Sentir le temps présent.

Je serai déliquescent, je serai gluance,
Je serai l'appât des mouches et des tiques
Comme suite évidente à mon chemin.

Tu te nourriras de l'ouverture de tes chakras
Ta force de vie te tiendra
Tiendra les autres encore.
Tu seras le guetteur et le recours.

J'entends déjà la curée des skuas affamés
Le claquement de leur bec sale
La déglutition lente de mes lambeaux
Le relâchement fétide de leur cloaque.

Tu maîtriseras ton univers
Comme tu as toujours su le faire
Tu la conduiras là où elle doit être
En attente de toi.

Et de mon corps décharné par le ressac et l'assaut des bêtes de mort
Sortira ce que je n'ai jamais dit
Comme une évidence, enfin,
A son regard trop longtemps absent.

Yann, Soñjoù ar meilher.