samedi 24 mars 2012

Gregory Crewsdon, la photographie entre peinture et cinéma



 A mi-chemin entre la peinture d'Edward Hopper et le cinéma d'Alfred Hitchcock, l’œuvre photographique de Gregory Crewsdon transcende résolument la question du support. Peu importe que le spectateur soit placé devant une toile ou un écran, et la classification habituelle du média serait un enfermement de botaniste.

 Nous sommes témoins d'une scène instantanée, immobile et pesante, dont le sens nous échappe car nous n'avons pas vu le début du film et nous n'en verrons pas la fin. Le génie de Crewsdon est là : sur la base d'une scène ordinaire, nous donner à imaginer le scénario que seul notre intime peut créer. Et la galerie de Luhring Augustine à New-York qui présente son œuvre pourrait utilement proposer le divan du psychanalyste en lieu et place de son mobilier conventionnel.


  Crewsdon maîtrise la technique picturale à un niveau exceptionnel, qui contribue fortement à susciter la surprise et l'émotion. Les moyens qu'il met en œuvre sont à la hauteur de l'objectif visé : échapper définitivement à la raison pure.

Yann, Les pensées du meunier.
       
  

dimanche 18 mars 2012

2012 - Not The End Of The World

 Er bloavezh 1992, da geñver emvod uhel ar Bed e Rio aozet gant UNO (Kevredigezh ar Broadoù Unantet), ur plac'h yaouank 12 bloaz he oad he deus gomzet dirak tud vras ar bed hag a oa aze da zoñjal da dazont an Douar. Hec'h anv oa Severn Cullis-Suzuki.

Ur plac'h kalonek eo, o komz he-unan hag o c'houlenn d'an dud vras da hastiñ buan 'vit cheñch an traoù, peotramant e vo kollet da viken plijadur bevañ war an douar gant ar vuhez, an anevaled, ar gwez hag al louzoù a zo ganeomp, hag a vo aet da goll. Kollet da viken evit hor bugale, hag evit bugale hor bugale...
"I am only a child," a laras dezho. "Yet I know that if all the money spent on war was spent on ending poverty and finding environmental answers, what a wonderful place this would be. In school you teach us not to fight with others, to work things out, to respect others, to clean up our mess, not to hurt other creatures, to share, not be greedy. Then why do you go out and do the things you tell us not to do? You grownups say you love us, but I challenge you, please, to make your actions reflect your words".


Severn hag a oa ur bugel, a zo-hi bremañ ur vaouez wirion. Chom a ra bepred er C'Hanada, ha nerzh enni da genderc'hel he stourm, hag a zo hor stourm...

It is not the end of the world... Trugarez da DJ Laurent Wolf evit e sonerezh !



Severn he deus aozet dek bloaz 'zo ar thinktank bet anvet The Skyfish Project. Ugent bloaz goude emvod Rio, petra 'zo bet graet ganeomp e gwirionez, nemet ar brezel en Iraq, ar petrol er mor hag an dour ken rouez da evañ ?

Yann, Soñjoù ar meilher.

Il y a 50 ans, la paix en France et en Algérie


  Paul aime bien creuser sa mémoire. Non qu'il s'y réfugie pour fuir un présent morne ou un futur incertain, mais simplement parce qu'en réfléchissant à son passé, comme chacun, il y puise quelques matériaux pour comprendre où il se trouve à l'instant présent.

A sept ans, Paul habitait chez ses parents en compagnie d'une tribu nombreuse et parfois encombrante de frères et de sœurs. Sa vie quotidienne était bien rythmée. Du lundi matin au samedi après-midi, il y avait l'école. Une journée de repos le jeudi permettait de se rendre au catéchisme, tandis que les gamins des écoles publiques faisaient la grasse matinée. Paul n'en était pas jaloux, tant sa représentation d'un élève d'une école publique était vague et inexistante.

La seule vraie journée de repos était le dimanche, dont la matinée était en grande partie employée à la messe puis à l'achat de gâteaux à la pâtisserie voisine de l'église. En clair, le seul vrai repos était le dimanche après-midi, depuis des semaines et des années.

Les dimanches après-midi étaient semblables les uns aux autres. Semblables et calmes, souvent confinés à l'appartement trop petit qui peinait à accueillir un tel effectif familial. Les Dinky Toys avaient l'avantage d'être petites, et tenaient un rôle prépondérant dans les jeux de Paul. Ces voitures miniatures, qui coûtent aujourd'hui un prix déraisonnable dans les brocantes et les vide-grenier, permettaient un moment agréable de concentration sur soi et d'élaboration de rêves. Imiter les bruits des véhicules et imaginer qu'on les conduit constituaient des activités délicieuses et interminables, à l'abri des tensions et des concurrences qui s'exerçaient entre les membres de la tribu.

Paul, aujourd'hui, n'eut pas à creuser sa mémoire : c'est elle qui jaillit naturellement. Il se souvenait d'un dimanche après-midi anormal, atypique, étrange... Une après-midi dont on se souvient tant elle heurte les habitudes établies. Aujourd'hui encore, la scène était présente devant lui.

Fait unique, le repas du dimanche ne traîna pas. Parmi les convives se trouvait un homme qu'il devait appeler "cousin Pierre" alors qu'il n'était pas son propre cousin, mais celui de son père. Peut-être y avait-il un adulte de plus, Paul ne s'en rappelait pas.
Sitôt le repas dominical terminé, la table fut débarrassée et la nappe du dimanche fut retirée. Paul n'avait que rarement vu cette immense table de salle à manger sans ses jupons de toile cirée ou de coton. Il ne comprenait pas.
Son père se saisit avec prudence du poste de TSF qui trônait dans la niche du buffet breton, et le posa sur la table. Un poste de radio Schneider de couleur crème et bordeaux, modèle Calypso, que Paul possède à son tour encore aujourd'hui, cinquante ans après. En l'absence de télévision, cette radio occupait une place éminente dans le quotidien familial, des informations aux aventures de la famille Duraton en passant par les réclames et la promotion du shampooing Belcolor...


Les adultes s'installèrent en silence autour de la table. Le poste cracha ses premiers mots, tandis que la façade s'éclairait du nom de stations inconnues imprimées dans la vitre : Rome, Londres, Andorre, Moscou... L'heure était sans doute grave, et les enfants furent priés de regagner leurs chambres. Les portes furent même fermées pour assurer dans la salle à manger un silence nécessaire et inquiétant, seulement rompu par un long, très long discours. Ce jour-là, Paul n'en sut pas plus.

C'était le dimanche 18 mars 1962, et cette voix lente et grave était celle d'un monsieur sans doute important qui devait tenir des propos accessibles aux seules grandes personnes.

Il fallut encore quelques années à Paul pour comprendre l'enjeu de ce qui s'était passé en temps réel, à la radio comme dans la vraie vie des grands. Pour comprendre enfin ce que voulait dire OAS, plastic, et d'autres mots prononcés alors par les adultes.





Yann, Soñjoù ar meilher.



dimanche 11 mars 2012

Kenavo dit, Moebius !



Ar veaj diwezhañ...
Ur mestr bras a zo aet derc'h da anaon, mestr ar stummoù hag al livioù an hini eo. Ijiner dreist bannoù treset ha tresadennoù a bep seurt, a lakae ac'hanomp da huñvreal ha da veajiñ dre hon daoulagad hag hor spered.
Deut eo an dro dezhañ da veajiñ bremañ, etrezek bedoù burzhudus e ene. Marteze eo ken brav hag an tresadennoù pinvidik en doa aozet evit hor gwellañ plijadur ?
An dour en-dro d'an inizi...
 Avec leurs paysages et leurs personnages en perpétuelle transformation, ses œuvres explorent les confins de l’inconscient et dévoilent un monde imaginaire et fantastique. À travers la métamorphose souvent brusque et inquiétante d’une figure, d’un décor, Mœbius révèle un monde où les apparences ne sont pas aussi stables qu’on pourrait le croire. (Tout pour les yeux).
 N'eus netra hiroc'h da larout : ya, ur bed ijinet evel hon huñvreoù ar re donnañ. Kenavo dit, mestr bras, ha lar deomp penaos emañ stummoù ha livioù ar bed all...

Yann, Soñjoù ar meilher.