Le grand mystère est qu'originellement, il n'y a aucun mystère. Tout est parfaitement simple et évident. Tout est Un. fondamentalement rien (étymologiquement "non-chose", c'est-à-dire non-distinction du tout en choses séparées). L'entropie du discours et, subséquemment, l'ésotérisme religieux, philosophique et scientifique ont fini par obscurcir le message initial, celui des Anciens, si limpide, "tout est un et tu es cela", jusqu'à le rendre aujourd'hui illisible. Le mystère de la vie n'est au fond pas un problème à résoudre intellectuellement mais une réalité à expérimenter : l'unité du moi et du monde, la saisie poétique du moi-monde.Hervé Collet (Dieu ou rien ? Traité de l'enthousiasme, éd. La Martinière) nous livre des réflexions essentielles et accessibles, illustées d'haikus brefs et puissants. Il faut prendre le temps de lire et de relire, à pas comptés, comme on prend le temps de savourer le bonheur si éphémère d'exister.
Les scientifiques ne répondent pas à la question de ce qu'est la vie. Qui oserait penser raisonnablement que la double hélice d'ADN, les cytochromes, les mitochondries ou la photosynthèse constitue la moindre réponse à la nature de la vie ? La biologie est une science du comment, et ne peut être que cela.
Les religions monothéistes, quant à elles, imposent à l'interprétation de la vie la vision d'un Père créateur, extérieur et supérieur. Comme le souligne Hervé Collet :
La conception monothéiste de dieu comme souverain suprême, sur le mode monarchique hérité de l'Égypte ancienne, vient de l'incapacité poétique à concevoir le tout dont chacun d'entre nous est la manifestation.Si nous sommes un, alors pourquoi dieu ?
Le mot dieu cherche à traduire une expérience : celle de l'illumination intérieure, quand la lumière irradie à partir de notre cœur et que tout devient parfaitement clair et lumineux. Quand le paysage ruisselle de sacralité. Cette expérience illuminante est enthousiasme (être en dieu) et apothéose (être parmi dieu), quand nous découvrons que dieu n'est autre que nous-mêmes en habit de lumière. Se manifeste alors notre aura, c'est-à-dire notre halo d'or. Et se déploie notre charisme, c'est-à-dire notre grâce.
"La vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité à expérimenter."
RépondreSupprimerBouddha
C'est tout le problème de la condition humaine. Vouloir appréhender intellectuellement les phénomènes, vouloir les dissocier de l'expérience vécue, les conceptualiser dans une relation sujet-objet, avec un "je", un "dieu", un "pourquoi", un futur, un passé...
Et de cette erreur d'analyse (tellement courante qu'elle est devenue la norme) proviennent tous les souffrances et tous les malheurs du monde.
Gooroo, je suis en partie d'accord avec toi. Mais quand on fusionne avec le temps, dans sa réalité cosmique, le futur et le passé prennent une place importante puisqu'ils résument le temps en un instant, le nôtre.
RépondreSupprimerLe "pourquoi" est l'objet des sciences, non des religions.
Quant à dieu, je trouve qu'Hervé Collet résume bien ce que nous pouvons en penser : il est nous-mêmes, et non une tierce personne, dans notre habit de lumière.
A noter que le malin existe aussi : il est également nous-mêmes, dans notre part d'ombre.
Yann.
A écrire trop vite, on écrit des bêtises. C'est bien sûr le "comment" et non le "pourquoi" qui est l'objet des sciences.
RépondreSupprimerYann.
Oui sans doute. Mais tout cela ("le nôtre", "nous-même", "le malin", "notre part de...") n'est-il pas encore de l'ordre des concept et des formes ? du jugement, de la dualité et de l'impression d'être finalement "extérieur" à ce que l'on observe ?
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