dimanche 29 avril 2012

C'est la faute aux algorithmes

Paul posa ses lunettes et se replongea dans ses réflexions. Ainsi donc, d'après un quotidien français du soir réputé à tort ou à raison pour son supposé sérieux, il ne serait pas seul à penser que le Monde selon Google courait les pires dangers. Savoir que cette solitude - au moins celle-ci - n'était qu'une fausse impression lui donna un peu de baume au cœur, et lui fit déboucher une bouteille. Une bonne bouteille, tant qu'à faire.

Il repensait à ses longues réflexions dans le Quartier Latin. Le Monde selon Google, il le vivait comme un cauchemar à venir, voluptueux et accepté par tous. Mais il percevait désormais que d'autres que lui s'opposeraient à l'édification méthodique d'une architecture terrienne qui le révoltait depuis longtemps.

Selon l'avocat de SOS Racisme : "De très nombreux utilisateurs du premier moteur de recherche de France et du monde sont quotidiennement confrontés à l'association non sollicitée et quasi systématique du terme 'juif' avec les patronymes des personnes les plus en vue dans le monde de la politique, des médias ou des affaires"
La justice française rendra prochainement sa décision. Paul espérait secrètement qu'elle ne se limiterait pas aux grands de ce pays, comme par hasard, et que le jugement protègerait aussi les petits et les pauvres, les brocanteurs, les cordonniers, les bigoudens, les myopes, et tous les autres citoyens. Il en doutait un peu... Non que l'argument de Google puisse être sérieusement pris en compte :

"Google ne suggère pas ces résultats. Ils sont générés de manière totalement algorithmique, sur la base de critères purement objectifs"
"C'est pas ma faute, c'est le logiciel qui déconne !"  Paul l'avait entendu si souvent durant sa carrière, de la part des concepteurs inconscients et des utilisateurs incapables... Non, si Paul restait encore inquiet, c'est qu'il s'attendait à un jugement ponctuel, rassurant pour les grands de ce monde, aujourd'hui plaignants mais finalement tout aussi architectes de nos modestes vies que le moteur de recherche incriminé.

Yann, Soñjoù ar meilher.


samedi 21 avril 2012

The secret life of words


Quelque part au large de l'Irlande du Nord, une plateforme pétrolière accidentée et bientôt abandonnée. Ne restent là que les derniers hommes qui attendent sa fermeture prochaine. Réunis sur un même espace de métal éloigné des côtes et rossé par le vent et les vagues, ils tuent le temps. Dans une chambre, un blessé attend son évacuation prochaine. Brûlé gravement au visage et provisoirement aveugle, Joseph (Tim Robins) vit dans un isolement visuel et une extrême sensibilité aux sons. Les mots constituent pour l'heure le seul univers possible de son corps endolori et immobile.

Hanna (Sarah Polley), infirmière volontaire est venue de loin lui prodiguer les soins nécessaires avant le prochain départ pour l'hôpital. Sourde, elle est murée dans le silence de son âme. Tout sépare les deux êtres, la soignante et le soigné.

Isabel Coixet est une cinéaste dont l'extrême sensibilité avait déjà été révélée dans Ma vie sans moi. Par le dialogue difficilement établi entre Joseph et Hanna, à la fois grave et drôle, par touches impressionnistes et progressives, elle tisse peu à peu une confiance et une intimité énigmatique jusqu'à la révélation finale qui est un pur éblouissement : le drame du film n'est pas là où on l'attendait, et le soin devient partage entre les deux héros par le truchement des mots qui libèrent.

Des mots chuchotés, susurrés, comme des caresses indispensables. Des mots trouvés dans les Lettres d'une religieuse portugaise, des mots volés et écoutés en boucle sur un téléphone portable à l'insu du blessé, des mots pour comprendre l'autre, des mots pour tenter de dire l'indicible de la vie, de ses errements, de ses horreurs, de ses espoirs.


Fallait-il un épilogue au film ? Certains ont trouvé inutiles les dix dernières minutes, d'autres les ont vécues comme un nécessaire retour au calme, proche pour les héros d'une nouvelle naissance à eux-mêmes.

Ce film déjà ancien (2006) et un peu oublié méritait bien sa récente rediffusion sur la 7. A voir et à revoir, à entendre et à réentendre. A chuchoter.

Yann, Soñjoù ar meilher.

vendredi 20 avril 2012

Left in peace

Mouezh (voice) : Karen Matheson.


A silent sea round Inishfree Bay
Lay the salty road you're bound to take
A mighty blue sky clears on Bub Beg
As all your friends get head down and pray

And there's no sign of worries
There's no sign of fear round here
And so will remain
Just a sound of farewell
The whispers of the tears restrained
Deep in your eyes

Left in store the will and the thoughts
We shall saw here and there on the way
Left in peace your troubles and doubts
And the wrong turn you happened to take

May you rest so still and guide us as we drift away
Riddled by change
Now we've settled the waiting
The distance between you and us
Our convalescence

A silent sea round Inishfree Bay
Lay the salty road you're bound to take
A mighty blue sky clears on Bub Beg
As all your friends get head down and pray

And there's no sign of worries
There's no sign of fear round here
And so will remain
Just a sound of farewell
The whispers of the tears restrained
Deep in your eyes

Left and played the tunes
We will share now as your heritage
Left the laughs the tears we restrain
In the land of no fear and no age

May we give our lives a chance to wash away the pain
But never forget
You're still here round us
And so you're bound to stay for long
So long and farewell

dimanche 15 avril 2012

Le forgeron du petit matin


La mésange,
Ce petit forgeron
Qui martèle courageusement sur son enclume
Dans le silence du matin.

Yann, Soñjoù ar meilher

vendredi 6 avril 2012

En ce jour sacré

En ce jour sacré,
Rappelons-nous
Qu'Il a livré son sang et sa chair
Pour nous sauver.
Qu'en reste-t-il
Dans le tourment de nos cités ?

Yann, Soñjoù ar meilher.