vendredi 23 décembre 2011

Selaou ma c'halon (Listen to my heart)

Gant mouezh Enya.



Eist le mo chroi,
Go bronach a choich
Ta me caillte gan tu
's do bhean cheile.
An gra mor i do shaoil
Threorai si me.
Bigi liomsa i gconai
La 's oich.

[Chorus:]
Ag caoineadh ar an uaigneas mor
Na deora, go bronach
Na gcodladh ins an uaigh ghlas chiuin
Faoi shuaimhneas, go domhain

Aoibhneas a bhi
Ach d'imigh sin
Se lean tu
Do fhear cheile.
An gra mor i do shaoil
Threorai se me.
Bigi liomsa i gconai
La 's oich.

[Chorus]

Smaointe, ar an la
(A) raibh sibh ar mo thaobh
Ag inse sceil
Ar an doigh a bhi
Is cuimhin liom an la
Gan gha 's gan ghruaim
Bigi liomsa i gconai
La 's oich'

Troidigezh (Translation)

Listen to my heart
Sorrowful, alas
I am lost without you
And your wife
The great love in your life
She guided me
Be with me always
Day and night


[Chorus:]
Lamenting the great loneliness
The sorrowful tears
Asleep in the quiet green grave
In a deep peace


There was happiness
But that departed
It was he who followed you
Your husband
The great love in your life
He guided me
Be with me always
Day and night


[Chorus]


I think of the day
That you were beside ne
Telling a story
Of the old life
I remember the day
Without want and without gloom
Be with me always
Day and night



samedi 10 décembre 2011

Mestr ma amzer

C'hoant 'm eus bezañ mestr ma amzer,
Evit galloud profañ anezhi gwelloc'h.
a soñje Paol bemdez, a-hed an amzer hag al lec'hioù.
 
Je veux que mon temps m'appartienne,
Pour mieux l'offrir.
se disait Paul chaque jour, un peu tout le temps, un peu partout.

dimanche 4 décembre 2011

La tyrannie de demain sera plus efficace

Tyrannie (n.f.) Gouvernement autoritaire qui ne respecte pas les libertés individuelles et sur lequel le peuple n'a aucun contrôle. (Petit dictionnaire Larousse).
C'est une définition qui oppose de façon simple le méchant (le tyran) et le gentil (le peuple). On se demande pourtant si cette définition correspond bien à la réalité, à travers certaines anecdotes de la vie quotidienne.

Tenez, par exemple, les sites collectifs de mise en ligne de photos. Deux ou trois fournisseurs se partagent le marché mondial : Flickr, Picasia... Vous leur confiez vos modestes productions pour en faire profiter le plus grand nombre, et vous dormez en paix grâce à Internet et toutes les technologies qui vont avec.

En paix ? Vous avez tort. Vous avez mis en ligne une photo que vous jugiez plutôt jolie, juste un peu sexy mais très respectueuse du modèle et du public. Bref, rien de porno ni de trash, même si vous convenez que vous n'auriez pas fait une image comme celle-là quand vous aviez quinze ans. Sans le savoir, vous vous êtes exposé aux rondes de police du net. L'un de ces fournisseurs vous apprend soudain que votre galerie est bloquée car elle comprend un "contenu inapproprié" contraire à la charte que vous avez acceptée.

Résultat immédiat : vos chères images sont devenues inaccessibles au grand public. Certes, l'humanité s'en remettra. En plus, on vous accorde le droit de les regarder vous-même après avoir passé la douane de l'identifiant et du mot de passe. Mais pour ce qui est d'accéder aux images du meunier, par exemple, c'est fini pour le public pour l'instant ou pour toujours. Une porte austère vous demandant vos papiers garde à l'abri ces seins que nous ne saurions voir.
Ces seins ? Pas seulement. Toutes ces autres images prises ici et là dans les paysages celtes et barbares, dans les rues de nos cités, dans la complicité des visages. Les démarches entreprises pour débloquer la situation n'ont à ce jour mené à rien, mais Big Brother me répond tranquillement que :


Les photos dites de "nu" ont été filtrées par mes soins mais rien n'y fait : la carrosserie rutilante d'une Ferrari, le silence d'un cimetière irlandais, la pluie ordinaire qui tombe dans la rue sont autant d'images qui risquent désormais de ne plus relever que du souvenir.

Ce ne serait qu'une petite affaire à suivre, si on ne revenait pas sur son origine. La police du net ? Mais c'est chacun d'entre nous, et personne d'autre ! N'allons pas croire que ces fournisseurs ont recruté des agents de sécurité chargé du maintien de la moralité de nos échanges. Nous fonctionnons tous sur un système infiniment plus efficace : c'est mon voisin de palier, l'ex de ma compagne, mon épicier, l'imam d'une paroisse sarrasine éloignée, le pasteur d'un temple néo-zélandais, ou mieux encore, qui en est l'auteur courageusement anonyme. Et le déclic simple et misérable est celui de la délation. Ce vieux réflexe pervers et faussement protecteur, ancré chez chacun d'entre nous et que nous ne pouvons combattre que par notre éducation au respect et à l'amour de l'autre. Eh oui, c'est bien sûr un lecteur de passage, sachant parfaitement ce qu'il faisait en franchissant l'accès à Noazh/nude, qui a sonné le tocsin et rapporté silencieusement à l'administrateur les horreurs qu'il avait vues et qu'il fallait supprimer.

Du temps de la Gestapo et de l'occupation nazie, il fallait se déplacer pour signaler à la Kommandantur du patelin que le voisin était circoncis et que cela constituait peut-être un futur risque pour l'ordre public... A présent, vous surveillez depuis votre PC la moralité des publications. Plus rapide, plus confortable, encore plus anonyme.

Retenons simplement ce petit message adressé aux geeks pur fruit pur sucre : non, la science n'a pas fait que sauver l'humanité et elle a hélas facilité la mort de centaines de millions d'innocents. Non, le net n'est pas un progrès qualitatif. Il n'est qu'un amplificateur, pour le meilleur et pour le pire, de nos parts d'ombre et de lumière. Et même si, parait-il, facebook a accéléré la révolution du jasmin, on voit hélas peu à peu quel vêtement risquent de devoir porter demain ces jeunes femmes branchées qui descendaient hier dans la rue en tee-shirt et en blue-jean. Elles sont aujourd'hui toutes identifiées. Quant à Aï Weï Weï, ce génial architecte et artiste qui a fait reculer le pouvoir fossile de Pékin au printemps dernier et qui a obtenu sa libération grâce à un immense élan de solidarité exprimée sur le net, il le dit lui-même : il a peur. Internet n'y changera rien. Pire : imaginons un instant en cauchemar ce qu'aurait donné en Chine, au printemps 1957, la campagne des cent fleurs au moyen d'Internet... On en frémit rien qu'à l'idée.

Oui vraiment, demain la tyrannie sera plus efficace. Et là, je pense forcément à mes enfants et à mes petits-enfants.

© Yann, Soñjoù ar meilher.