dimanche 13 mars 2011

Equinoxe

A deux minutes de mon moulin se trouve une plage très peu visitée. Les rouleaux, lentement, s'y épuisent dans un son sourd et mat couvert par le cri strident des hirondelles de mer.

A chaque fin d'hiver, la mer offre au vagabond que je suis des trésors étalés ça et là sur le sable, produits vivants d'une longue et savante récolte. Ce spectacle ne se produit qu'une fois par an, à l'approche de l'équinoxe, à l'époque où la mer va et vient sur la grève, pour féconder la terre et le sable dans un ballet sensuel et envoûtant.

Je me suis rendu aujourd'hui à Karreg an Touseg, ce rocher de granit dominant la plage comme une sentinelle, et où les offrandes de l'océan sont en général les plus belles. Ma promenade fut un pur bonheur, et mon regard ne cessa pas d'aller d'un point à l'autre de la plage, des galets lisses et doux, très doucement polis par la mer, aux plus beaux châteaux de sable construits par la rencontre des vagues et du vent.

Comme on m'apprît à le faire, je m'assis prudemment pour mieux admirer encore ces visions qui m'étaient offertes. Malgré la tentation qui me pressait, je sus rester immobile. Les meuniers qui eurent ces visions comme moi et tentèrent naguère de les approcher, furent pétrifiés au contact de ces scènes minérales et leurs corps giseraient aujourd'hui au fond de la baie.

(c) photo Weissenegger
(c) Yaroslav Belouzov


Ar Meilher, Les pensées du meunier.

1 commentaire:

  1. Bonjour YANN
    Magnifique page poésie et photos félicitation j'adore
    Amitiés
    JL MOYON

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