dimanche 27 novembre 2011

J'ai aimé / I loved it / Karet 'm eus


Paul s'assit dans son fauteuil. Une fois passés les messages bruyants du chef de train, le TGV partit mollement, sans but, avec pour seule conviction la certitude d'arriver quelque part.
Installé un peu à l'étroit, il s'assura que son voisin ne le surveillait pas. "Surveillait", ce mot l'amusait mais le ramenait à de vieux souvenirs, à de vieux démons, à une époque jamais finie où il se sentait toujours jugé, depuis l'enfance.
Il sortit un bloc de papier, un bic, et ouvrit la tablette. Dès les premiers tours de roue, il sentit que son voisin dormait. Une nuit trop courte, pensa-t-il... Ou plus simplement une absence d'intérêt pour lui, pour l'entourage. Le sommeil peut être un si bel enfermement.
Le roulement lent le fit rêver un peu à elle. Il se lança sans s'arrêter.

J'ai aimé ta peau de marbre chaud.
J'ai aimé le ciel et les sommets, les nuages de tes yeux, la cambrure de tes reins, la courbe de la vallée.
J'ai aimé le frisson qui te gagnait, tes seins qui se dressaient, ton ventre offert au ciel.
J'ai aimé le busard tout là-haut, et ton filet d'eau intime gouttant sur l'herbe fraîche.
J'ai aimé le port robuste de la gentiane jaune à nos côtés, et le duvet si fin de tes lèvres intimes.
J'ai aimé l'écho de la vallée si loin, et ton souffle chaud à mon oreille.
J'ai aimé les rides sur l'eau du lac, et le creux de ton genou.
J'ai aimé ton cou si désirable et ta crinière au vent.
J'ai aimé tes joues roses et tes seins à l'odeur de sucre et de miel.
J'ai aimé la fourmi audacieuse s'aventurant sur la crête de ta hanche.

J'ai aimé faire aller ma main sur ta peau de soie, et voir mon glaive grandir et se dresser.
J'ai aimé le sifflement de la marmotte et le soleil sur la courbe de tes fesses.
J'ai aimé sucer chaque doigt de tes pieds, au rythme lent de la frondaison des hêtres s'agitant dans le vent.
J'ai aimé admirer ta fine cheville  et le reflet des sommets dans l'eau sombre.
J'ai aimé longer ton mollet parfait et pressentir l'ouverture de ton ventre.
J'ai aimé lécher ton genou lisse et ta cuisse ferme et tendre, et me bercer du clapot du ruisseau voisin.

J'ai aimé sentir les herbes, et saisir mon glaive tendu vers toi.
J'ai aimé ton soupir langoureux, ton souffle plus court, le silence soudain.
J'ai aimé écarter tes pétales de femme mouillés de rosée, et entendre encore le cri bref poussé par toi à mon entrée.
J'ai aimé embrasser tes fines paupières fermées, et sentir la brise venir sur mon dos et mes reins.
J'ai aimé communier avec toi dans cette prairie si belle.
J'ai aimé faire aller et venir très doucement mon glaive de guerrier dans ton beau puits de Reine, et sentir la présence du vivant autour de nous.
J'ai aimé que nous soyons toi et moi nus ici, comme l'herbe, le rapace et le lac sont aussi nus.

J'ai aimé ta peau, ta douceur, ton odeur, tes eaux de femme, le bleu du ciel, le violet des pensées sauvages.
J'ai aimé te prendre, te chevaucher, monter à ton assaut et sentir ta croupe humide soumise à ma queue de guerrier fière et gourmande.
J'ai aimé voir tes seins s'agiter sous ma force, ton corps trembler, l'alouette s'envoler, les nuages défiler.
J'ai aimé tes râles, ton plaisir, les frissons des graminées.
J'ai aimé ta bouche ouverte, tes dents brillant au soleil, la silhouette des mélèzes, la couleur orangée du lichen sur le granite.
J'ai aimé le polypode, les traces de renard dans la boue de la rive, et mon sexe serré dans le tien.

J'ai aimé caresser et sucer tes seins pointus, offerts à ma bouche, à mes yeux et au ciel comme un don absolu.
J'ai aimé ta grâce, ta force, ta soumission à mes gestes, le frottement régulier de mes bourses chaudes d'homme contre l'herbe fraîche.

J'ai aimé t'arracher un cri plus fort encore, sentir ton ventre se contracter comme une bague divine autour de moi en enserrant mon glaive entier.

Et tandis que tu jouissais en hurlant de plaisir au flanc de la vallée, les rapaces et le soleil haut dans le ciel me voyaient signer de mon lait d'homme un paraphe blanc et abondant sur ta peau brunie de l'été. Alors que mon glaive rougi dans la forge de notre fusion répandait encore sur ton ventre des volutes d'amour infini, que ma semence qui t'avait emplie s'écoulait lentement de ta crypte si belle et si bouleversante, mon esprit chavirait. L'aigle m'appelait à l'envol, le chêne tout proche murmurait mon nom, l'eau frissonnante du lac m'attirait vers son miroir.

A cet instant extrême de jouissance, mon corps entier fut parcouru d'une onde qui te traversa aussi. Nous faisions partie de l'Univers, nous procédions d'une énergie commune, nous échangions nos atomes avec l'air et le granite, la digitale et l'eau du torrent, la buse et la germandrée. Notre extase physique nous rappelait à notre appartenance, et nous allumions une étoile nouvelle, tout là-haut.
 Il ne relut pas son texte. Il imaginait qui le relirait, qui s'en nourrirait, qui s'en bercerait peut-être. Il s'endormit calmement, peu de temps avant que son train n'arrivât à destination.


© Yann ar Meilher, Soñjoù ar meilher.




dimanche 20 novembre 2011

Ar bleiz o leñvañ

Gant mouezh Enya.



 E gouezeleg e veze savet gwechall sonioù gant bleizi o leñvañ... Pell diouzh an aneval spontus bet kanet e Breizh hag e bro-C'Hall.



samedi 5 novembre 2011

Dañs ar bleizi



Gant mouezh Lorena McKennit
When in the springtime of the year
When the trees are crowned with leaves
When the ash and oak, and the birch and yew
Are dressed in ribbons fair.

When owls call the breathless moon

in the blue veil of the night
When shadows of the trees appear
amidst the lantern('s) light.

We've been rambling all the night

and sometime of this day
Now returning back again
we bring a garland gay.

Who will go down to those shady groves

and summon the shadows there
And tie a ribbon on those sheltering arms
in the springtime of the year.

The sounds of birds seem to fill the wood

and when the fiddler plays
All their voices can be heard
long past their woodland days.

We've been rambling all the night
and sometime of this day
Now returning back again
we bring a garland gay.

And so they linked their hands and danced

'round in circles and in rows
And so the journey of the night descends
when all the shades are gone.

A garland gay we bring you here

And at your door we stand
Here's a sprout, well budded out
The work of our Lord's hand.

We've been rambling all the night

and sometime of this day
Now returning back again
we bring a garland gay.
 Ya, ken brav eo dañs ar bleizi er c'hoajoù ha war an erc'h, pa n'ouzont ket e seller outo... Pebezh nerzh, pebezh douster ivez.

Yann, soñjoù ar meilher.

You raise me up...


When I am down and, oh my soul, so weary;
When troubles come and my heart burdened be;
Then, I am still and wait here in the silence,
Until you come and sit awhile with me.


You raise me up, so I can stand on mountains;
You raise me up, to walk on stormy seas;
I am strong, when I am on your shoulders;
You raise me up: To more than I can be.


You raise me up, so I can stand on mountains;
You raise me up, to walk on stormy seas;
I am strong, when I am on your shoulders;
You raise me up: To more than I can be.


You raise me up, so I can stand on mountains;
You raise me up, to walk on stormy seas;
I am strong, when I am on your shoulders;
You raise me up: To more than I can be.


You raise me up, so I can stand on mountains;
You raise me up, to walk on stormy seas;
I am strong, when I am on your shoulders;
You raise me up: To more than I can be.
Kreñv a-walc'h da chom war ar menez ha da gerzhout war ar mor e fulor... Ya, ezhomm hon eus alies da nerzh ha da zivskoaz evit chom a-sav.

Yann, soñjoù ar meilher.