samedi 21 avril 2012

The secret life of words


Quelque part au large de l'Irlande du Nord, une plateforme pétrolière accidentée et bientôt abandonnée. Ne restent là que les derniers hommes qui attendent sa fermeture prochaine. Réunis sur un même espace de métal éloigné des côtes et rossé par le vent et les vagues, ils tuent le temps. Dans une chambre, un blessé attend son évacuation prochaine. Brûlé gravement au visage et provisoirement aveugle, Joseph (Tim Robins) vit dans un isolement visuel et une extrême sensibilité aux sons. Les mots constituent pour l'heure le seul univers possible de son corps endolori et immobile.

Hanna (Sarah Polley), infirmière volontaire est venue de loin lui prodiguer les soins nécessaires avant le prochain départ pour l'hôpital. Sourde, elle est murée dans le silence de son âme. Tout sépare les deux êtres, la soignante et le soigné.

Isabel Coixet est une cinéaste dont l'extrême sensibilité avait déjà été révélée dans Ma vie sans moi. Par le dialogue difficilement établi entre Joseph et Hanna, à la fois grave et drôle, par touches impressionnistes et progressives, elle tisse peu à peu une confiance et une intimité énigmatique jusqu'à la révélation finale qui est un pur éblouissement : le drame du film n'est pas là où on l'attendait, et le soin devient partage entre les deux héros par le truchement des mots qui libèrent.

Des mots chuchotés, susurrés, comme des caresses indispensables. Des mots trouvés dans les Lettres d'une religieuse portugaise, des mots volés et écoutés en boucle sur un téléphone portable à l'insu du blessé, des mots pour comprendre l'autre, des mots pour tenter de dire l'indicible de la vie, de ses errements, de ses horreurs, de ses espoirs.


Fallait-il un épilogue au film ? Certains ont trouvé inutiles les dix dernières minutes, d'autres les ont vécues comme un nécessaire retour au calme, proche pour les héros d'une nouvelle naissance à eux-mêmes.

Ce film déjà ancien (2006) et un peu oublié méritait bien sa récente rediffusion sur la 7. A voir et à revoir, à entendre et à réentendre. A chuchoter.

Yann, Soñjoù ar meilher.

3 commentaires:

  1. A-du penn-da-benn. Gwelet 'm eus ar film skignet gant Arte, sot on gant Tim Robbins. Souezhet on bet, un oberenn a ra vat.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Trugarez dit Ólöf. Gouzout a rez ma 'z eus ur blog brezhonek war ar filmoù hag ar sinema ?

      Supprimer
  2. Siwazh, ne gredan ket. Mankout a ra seurt-se, kredapl... hag ur raktres dispar a c'hellfe bezañ.

    RépondreSupprimer

Mon commentaire sur ton blog.