dimanche 26 juin 2011

Langue unique


Julien rentre du collège. Comme chaque jour, il est fourbu. Il a beaucoup donné, compte tenu de ce qu'il pense devoir donner.

- J'ai une prof, elle est craignos, dit-il en ouvrant un grand coca qu'il ne finira pas, faute de bulles à la fin. Elle parle trop avec des mots que je kife pas trop. Imagine, elle dit "A ç'tantôt". Elle a des mots trop pourris qui craignent un max. Pourquoi elle dit pas "à ç'taprème" ? Limite, elle pourrait dire "A cet après-midi", comme les vieux. Pourquoi elle parle pas comme tout le monde ? C'est trop nul.

La mère de Julien écoute son fils. Elle sait que "tantôt" se dit encore parfois chez certains d'entre nous, qui ne seront bientôt plus très nombreux. Elle se demande si, avec seulement 250 à 400 mots, en effet, on ne pourrait pas s’entendre tous. Bien sûr, il faudrait se limiter en nuances. Mais pour bouffer, dormir et faire chier son voisin, ça pourrait suffire.

Ar Meilher, Les pensées du meunier.

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