Paul aperçut une photo de famille à l'abandon sur le coin d'une fenêtre, à l'image de la modeste masure inhabitée depuis des lustres.
Qui pourrait dire aujourd'hui ce qu'avaient vécu ces hommes il y a cinquante ou soixante ans, dans cette campagne retirée du Goëlo ? Qui pourrait même encore fournir aujourd'hui leur identité ?
Paul pensa à ces portraits vendus ici ou là dans les brocantes, à ces images figées de couples paysans endimanchés, inconnus de tous aujourd'hui, objets de transactions modestes et pathétiques... Décorer son manoir prétentieux de photos d'ancêtres pour le rendre authentique !
Au-delà de ce marchandage un peu misérable auquel s'adonnent quelques citadins en mal de passé absent, Paul pensait surtout ici à ces deux hommes. Cette maison abandonnée avait été leur espace de joie et de labeur. Quelle mémoire devait rester d'eux à présent sur la terre des vivants ?
Photo JMR |
Ar Meilher, Les pensées du meunier.
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