mercredi 19 septembre 2012

La voie de garage

Photo JMR


A défaut de servir à l'actualité agitée et souvent vaine des hommes, la voie de garage est un lieu empli d'esprit et de quiétude où la nature profonde reprend ses droits.

Yann, Soñjoù ar meilher.

dimanche 2 septembre 2012

L'imposture d'un certain développement "durable".

S'il ne fait aucun doute que nos choix archaïques de développement aveugle nous mènent tout droit à une mort planétaire annoncée à plus ou moins long terme si rien ne change, certains esprits plus enclins à la discipline de parti qu'à la véritable réflexion s'érigent aujourd'hui en faiseurs de bonheur pour tous. On connaît cette tendance depuis longtemps. Déjà en 1933, un certain chancelier allemand réclamait la Volks Wagen qui devait épanouir la vie du peuple en lui donnant une liberté nouvelle, celle du déplacement facile. On connaît la suite.

Dans le domaine du développement économique que l'on souhaiterait durable, nous assistons aujourd'hui à la vague du bio, censée porter désormais nos frêles esquifs vers un monde meilleur. En l'absence d'une réelle définition de cette notion que l'on met à toutes les sauces, personne ne sait au juste ce que revêt cet adjectif et certaines officines tentent d'en imposer leur vision. On va même jusqu'à promouvoir la viande de bœuf bio, alors que les scientifiques et les agronomes savent depuis longtemps que cette consommation est un non-sens écologique. On aura compris que cette viande est issue d'animaux d'élevage ayant savouré de l'herbe bio, mais hélas il n'y a pas l'ombre d'un début de développement durable dans une telle consommation : le coût de la production de viande bovine, bio ou pas, est une insulte au développement respectueux de l'homme et de la planète.

 Dans le bio, la concurrence est féroce, et les initiatives sont très nombreuses. Il en va ainsi du domaine ô combien stratégique et prioritaire des vacances...
"Le site Biovacances.net est dédié à la promotion des acteurs engagés dans la Bio. Il regroupe des adhérents autour de valeurs simples : le bien-être des hommes et de la planète.
Les adhérents à notre ligne éditoriale s’engagent dans une voie alternative au tourisme de masse. La qualité des relations humaines, des produits utilisés, tant en alimentation qu’en construction, le caractère sain pour l’homme et l’environnement sont des critères importants pour figurer dans notre annuaire.
Il nous arrive fréquemment de refuser la parution d’annonces ne correspondant pas à notre cahier des charges qui n’est pourtant pas d’une implacable rigidité.
Il n’est pas obligatoire que tous les produits proposés soient bio, qu’un repas végétarien soit systématiquement proposé : nous encourageons les bonnes pratiques sans pour autant pénaliser ceux qui font déjà des efforts manifestes dans le bon sens.
L’esprit nature doit être respecté et l’obtention de labels est vivement encouragée tout comme l’utilisation de produits locaux.
Si vous rencontrez un problème d’ordre éthique avec un prestataire diffusant une annonce sur Biovacances.net, merci de bien vouloir nous en faire part via le formulaire de contact."
 Toute la rhétorique politicienne est en place dans l'innocent site de cet "acteur engagé dans la Bio", qui vous accueille sympathiquement par une "ligne éditoriale" à laquelle il faut "adhérer". Le bien-être des hommes ? Une "valeur simple" ! L'avenir ? Une solution "alternative au tourisme de masse". On est vraiment désolé pour le plus grand nombre. D'ailleurs, des vacances leur sont-elles vraiment nécessaires ?

Comment se mesure le "caractère sain pour l'homme et pour l'environnement" ? Nul ne le sait vraiment, même si l'on devine aisément ce qui peut être parfois malsain. Soyons rassurés, cette mesure doit être probablement soumise à un comité central qui, après des débats tenus à huis clos entre penseurs bio autoproclamés,vous donnera un résultat éclairé.

L'humanité n'a pourtant pas entièrement déserté la ligne rédactionnelle, puisqu'elle prend en compte "les efforts manifestes" de ceux qui vont dans le bon sens...

Dernier élément de la discipline de parti, l'évaluation et la sanction : ceux qui rencontrent un "problème d'ordre éthique" (une cloison en placo au lieu du chanvre ?) peuvent user de leur pouvoir de délation. On ouvre là en grand une des plus puissantes compétences de l'homme, merci de nous rassurer.

Et si le problème d'ordre éthique n'était pas tout simplement l'existence même de sites de ce genre, plus mercantiles que réellement éthiques, très éloignés des vraies réflexions et surfant sur la sempiternelle vague de l'exclusion de l'autre ?

Yann, Soñjoù ar meilher.