dimanche 8 mars 2009

France Dimanche...

Une brasserie parisienne, comme tant d'autres... Je suis là, Porte d'Orléans, un dimanche midi.
Les salariés du déjeûner en semaine ne sont pas là. L'urgence non plus. Les couples d'amants de la fin d'après-midi non plus. Le dimanche midi, les brasseries sont prises d'assaut par les sorties en famille.
Des familles qui se retrouvent ainsi, trois générations ensemble, autour du gigot d'agneau. Le menu de la brasserie, c'est la lecture de la journée. C'est une activité qui dure un peu. Mamie sait qu'elle prendra du gigot, mais la lecture de tout le menu est nécessaire. C'est une lecture entrecoupée des questions bienveillantes de la fille ou du gendre, sur le confort de la banquette où trône grand'mère. Pas de grand'père à table. De toute façon, c'est la Journée de la Femme.
Le petit pleure dans sa poussette. La mémé s'attendrit un peu, puis se détourne. Il est un peu trop braillard, on n'aurait pas accepté ça, de son temps.
Le garçon du restaurant, qui est déjà passé deux fois, repart enfin avec la commande. Du gigot bien sûr, c'est dimanche. Un peu rosé, mais sans pommes-de-terre. Les haricots verts passent mieux.
Un silence s'intalle, de courte durée. La mémé est bien. La fille et le gendre sont heureux de voir que la mémé est bien. Le bébé est occupé à ronger avec méthode la lanière de la poussette.
Au fait, c'était bien le match hier ? Non, pas terrible... 3-0, j'ai éteint la télé avant la fin.

-"C'est pour qui le haut de dorade ?" La mamie n'est pas servie la première. Le reste de la commande arrive bientôt. Les trois générations sont bien. La France du dimanche est bien.

La France entière ? Sans doute pas. A une autre table, une fillette de huit ans se fait attraper par son père. Elle a du mal à finir son plat. Toute la famille a déjà fini, sauf elle. Elle minaude, avale une petite bouchée et la garde si longtemps dans la bouche qu'elle n'a sûrement plus de goût.
Je l'aperçois de dos. Sa petite queue de cheval blonde tranche avec les cheveus bruns et courts de son père, placé en face d'elle. La fillette tourne la tête vers sa mère, en espérant un secours qui ne viendra pas.
Un peu plus tard, le père quitte seul la table après s'être emporté une nouvelle fois.
-"On dit MERCI MAMAN", hurle-t-il au visage de la frêle silhouette. Les voisins tournent la tête, commentent l'incident, se disent sans doute que c'est un vrai père avec l'autorité qu'il faut. C'est si rare aujourd'hui...
Puis la mère et la fillette à la queue de cheval quittent enfin la table à leur tour. La petite fille se tourne vers moi en mettant son manteau. Elle a une tête d'ange, et le regard du Petit Prince de Saint-Exupéry. C'est une princesse, c'est évident, et son père ne l'a même pas vu.

A l'évidence, si c'est la Journée de la Femme, ça n'est pas nécessairement la fête des princesses.

Ar Miliner, Les pensées du meunier.

2 commentaires:

  1. Ne vez ket ganet priñsezed e kestell dalc'hmat. Ha n'eus ket gwashoc'h dall eget an neb na fell ket dezhañ gwelet.
    Me 'm eus ur briñsez kalet he fenn ivez hag a vouz ur wech an amzer ouzh he boued. Ha c'hoarvezet eo din ivez mont en hegar evel-se, siwazh. Mareoù zo e tarzh ar fulor evel an tangwall gant un elfennig. Ur fulor manet e go abalamour d'ur bern traoù n'o devez netra da welet gant ur briñsez ha na fell ket dezhi debriñ.

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    1. Gwir eo... ha kalz priñsezed ne vezont ket gwelet. Siwazh evito... hag evidomp ivez !

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