mercredi 26 mai 2010

2012, l'année des Bisounours !


Dans le quotidien de la crise qui s'incruste, les meuniers ont du mal. Les moulins délocalisés vendent une farine grossière, un peu moisie, mais tellement moins chère ! Les charges écrasent le maigre bénéfice de ceux qui ne sont pas encore résignés, de ceux qui résistent à l'envie de tout arrêter et de s'inscrire aux bonnes œuvres que la société décidément prévoyante a conçu pour eux.

Aujourd'hui, c'est de la retraite des meuniers qu'il s'agit. Les écoles de meunerie durent plus longtemps, la vie elle-même se prolonge magiquement et il n'est pas rare de voir des octogénaires se lever tôt pour quelques exercices de taï chi shuan dans le square du moulin. La durée de la retraite durement gagnée s'étend un peu plus chaque année, et les meuniers en activité peinent à faire face à la fois à la cotisation à la retraite de leurs aînés et à la concurrence des minoteries d'Extrême-Orient.

La logique, s'il y en avait une, imposerait d'allonger la durée de l'activité du meunier, et de le faire partir plus tard se reposer au square ou devant l'écran magique de la télévision de l'après-midi. Forcément, la logique est méchante. Elle ignore combien il a été pénible de faire de la farine toute sa vie, et combien le meunier aspire à s'arrêter de travailler quand il a soixante ans.

Ouf, tout espoir n'est pas perdu. Si jamais la méchante logique devait prochainement l'emporter, il est un personnage qui nous protègera plus tard et qui réparera l'ignoble injustice : c'est le plus gentil des Bisounours, le Bisounours du Coeur et de la Rose Rouge. Le Coeur, parce qu'il nous prépare une société du Care, du soin et du bonheur, laissant aux autres pays du monde le soin de bosser et de s'abîmer les mains. La Rose Rouge, parce que c'est une fleur qu'il a choisi en 1974 à Epinay, une fleur dont la couleur symbolise l'amour du peuple et dont les piquants font peur aux ennemis de classe.

En 2012, le Bisounours du Coeur et de la Rose Rouge se présentera pour pouvoir nous raconter une belle histoire chaque soir. Et nous, nous serons de nouveau des bébés et nous serons heureux. Et comme nous serons tous des bébés heureux, il n'y aura plus de problème de retraite puisqu'il n'y aura plus de retraités.

J'ai hélas appris il y a quelques jours qu'un autre Bisounours, de la même famille mais un peu fripouille, avait contesté cette si jolie promesse... Forcément, la famille Bisounours a été un peu troublée. Mais comme il faut plaire pour pouvoir diriger la société des meuniers, il a été décidé de continuer à raconter de belles histoires aux futurs bébés, et de demander au frère un peu faux-jeton de s'intéresser davantage aux emmerdes de la Grèce et un peu moins au futur ciel rose du pays des Bisounours. Vivement 2012 !


Ar Meilher, Les pensées du meunier.

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